Le gouvernement libéral a été réélu avec un mandat minoritaire lors d’une élection marquée par une forte polarisation. Cette reconduction laisse présager une continuité dans les politiques publiques pour les prochaines années, sans bouleversement majeur à l’horizon.
Un déficit historique en 2025
Le gouvernement fédéral prévoit un déficit record en 2025. À court terme, cette injection budgétaire constitue une mesure de relance bienvenue, susceptible d’atténuer le ralentissement économique. Toutefois, les projections laissent entrevoir un déficit dépassant les 200 milliards de dollars sur les quatre prochaines années, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes.
Une telle trajectoire pourrait nuire à la cote de crédit AAA du Canada, et entraîner une hausse des taux d’intérêt sur les obligations à long terme, un phénomène déjà observé aux États-Unis.
Une Banque du Canada plus patiente
Paradoxalement, ce déficit facilite quelque peu la tâche de la Banque du Canada. Face à cette relance budgétaire, elle peut se permettre de maintenir une approche prudente quant à la baisse de son taux directeur, malgré les signes de ralentissement. La priorité reste la surveillance étroite de l’évolution de l’inflation dans un contexte économique incertain.
Inflation persistante chez nos voisins du Sud
Aux États-Unis, les dernières révisions à la hausse des données d’inflation renforcent la position de la Réserve fédérale, qui ne semble pas pressée de réduire son taux directeur. Ce contexte complique davantage la relation déjà tendue entre Donald Trump et Jerome Powell.
En outre, l’indice de l’Université du Michigan sur les anticipations d’inflation des consommateurs a bondi à 6,5 % en avril – un sommet inégalé depuis 1981 -, alimentant les craintes de persistance de l’inflation.
Continuité dans la politique économique
Malgré les turbulences, la politique économique canadienne devrait rester globalement inchangée. Tant la Banque du Canada que la Réserve fédérale devraient maintenir leurs taux directeurs relativement stables à court terme, dans l’attente de nouvelles données économiques.
Il est normal pour un gouvernement d’enregistrer des déficits en période de ralentissement économique. Cependant, accumuler des déficits importants en phase d’expansion est préoccupant. Cette mauvaise gestion budgétaire, largement partagée à travers les économies occidentales, pèsera de plus en plus lourdement sur les finances publiques. Le Canada n’échappera pas à cette réalité, les charges d’intérêt occupant une part croissante du budget fédéral.
Une résilience inattendue ?
La bonne nouvelle réside dans l’effet potentiellement stabilisateur du déficit annoncé par le gouvernement Carney. Il pourrait renforcer la résilience de l’économie canadienne à court terme, et déjouer les attentes des observateurs les plus pessimistes. Il serait donc surprenant de voir les taux d’intérêt bouger de façon substantielle dans les prochains mois.
Pour aller plus loin:
- Rapport d’inflation au Canada
- Rapport d’inflation aux États-Unis
- Surveys of Consumers University of Michigan
- What Carney’s Win Could Mean for Bank of Canada Interest Rate Cuts
- ‘Just the way it is.’ Trump says Canada’s prime minister can do nothing to reduce tariffs today
- The first boats carrying Chinese goods with 145% tariffs are arriving in LA. Shipments are cut in half. Expect shortages soon